La Convention Internationale relative aux Droits de l’enfant stipule
en son article 24 que « les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant de
jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services médicaux et
de rééducation. Ils s'efforcent de garantir qu'aucun enfant ne soit privé du droit
d'avoir accès à ces services.
Plus de trente (30) années après l’adoption de cette convention, la santé des enfants
et par ricochet, celle de leurs mamans, reste toujours une préoccupation majeure.
Selon l’OMS, 2,5 millions d’enfants dans le monde sont décédés en 2017 pendant leur
premier mois de vie. Ce qui représente environ 7 000 décès de nouveau-nés par jour.
Plus des deux tiers des décès néonataux ont lieu au cours de la première semaine de
vie, et environ un million de nouveau-nés meurent dans les premières 24 heures.
Les naissances prématurées, les complications obstétricales, les infections et
les malformations congénitales en constituent les principales causes. La majorité
de ces décès survient en Afrique subsaharienne. Plusieurs facteurs aggravent cette
situation : la malnutrition qui rend les enfants plus vulnérables aux maladies,
le coût élevé des soins de santé, les épidémies émergentes et, pour bon nombre de
pays africains, les conflits armés. Au Nigéria, l’Unicef rapporte que de nombreuses
femmes enceintes ont dû fuir les violences dans leur ville natale dans le nord-est,
et n’ont eu d’autre choix que d’accoucher dans des camps dangereux et surpeuplés.
En République Démocratique du Congo, la rougeole a causé plus de 4 000 morts depuis
janvier 2019, les enfants représentant plus de 90 % de ces décès.
Des femmes en attente de consultation dans le centre de santé de Doko, Siguiri, Guinée © ENFANTS DU GLOBE, 2020
Les instances internationales préconisent l’instauration d’une couverture
adéquate de soins prénataux de qualité pour la mère et pour l’enfant, insistant notamment
sur la fourniture de soins par des sages-femmes, tout au long de la grossesse, de
l’accouchement et de la période postnatale. Les recommandations de l’OMS visent l’accès à
des soins adaptés à toutes les femmes et les adolescentes enceintes. L’Unicef invite les
pouvoirs publics, les prestataires de soins, les familles et les entreprises à « garder
chaque mère et chaque enfant en vie » dans le cadre de sa campagne mondiale « Pour chaque
enfant, une chance de vivre ».
Malgré les initiatives entreprises au niveau international et national, les statistiques demeurent
alarmantes et invitent à tirer les leçons des expériences conduites. La santé néonatale est un
domaine où s’entrecroisent des facteurs épidémiologiques, économiques, sociaux et culturels,
ces derniers ne facilitant pas une stricte application des recommandations nationales et internationales.
Distribution de PlumpyDoz aux enfants malnutris modérés, Kintinian, Siguiri, Guinée © ENFANTS DU GLOBE, 2019
En effet, les rites traditionnels liés à la fécondité et à la procréation,
ainsi que les pratiques populaires autour de la grossesse et de l’accouchement relèvent
du privé et de l’intime, dans un espace public régi par des normes et des standards
communément partagés.
Une documentation approfondie des pratiques à l’œuvre et une meilleure compréhension des
logiques qui les sous-tendent
s’avèrent nécessaires pour construire des interventions plus adaptées, plus efficaces et plus
respectueuses des systèmes
de valeurs des populations ; l’ambition étant de contribuer à l’atteinte d’un des objectifs du
développement durable : la réduction de la mortalité néonatale. Dans cette perspective, les
sciences sociales, et tout particulièrement l’anthropologie, sont convoquées pour construire
cette connaissance.
C’est dans cette optique d’approche globale et interdisciplinaire des enjeux de santé que Santé
publique a décidé de consacrer le présent numéro spécial à la problématique de la santé néonatale,
toujours préoccupante dans les pays d’Afrique subsaharienne.
Malgré de nombreuses publications, des pistes d’analyse restent inexplorées. Le dossier proposé
contribue donc à développer un regard critique sur les représentations des maladies de l’enfant,
les savoirs privilégiés dans les pratiques familiales de soins, les interactions entre plusieurs
interventions de soins lors de l’accouchement et de ses suites, enfin, les effets sociaux induits
des messages de santé publique. Il est composé de dix articles, articulés aussi bien autour des
enjeux de la santé néonatale au plan mondial que des pratiques quotidiennes de soins au nouveau-né
dans les espaces domestiques.
En Guinée, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans reste toujours très inquiétant.
Dotation d’un nourrisson orphelin d’Ebola en suppléments nutritionnels, Kérouané, Kankan, Guinée - ©ENFANTS DU GLOBE, 2016
En effet, en raison d’un système d’assainissement inadéquat, d’un manque d’eau potable et d’une absence de
services de santé dans les régions rurales, 142 enfants sur 1000 décèdent encore chaque année.
La prévalence de l’insécurité alimentaire est de 10.92 % (EFSA 2015). Pourtant la Charte africaine des
droits
et du bien-être de l’enfant ratifiée par la Guinée le 27 Mai 1999 en ces articles 14 et 20 stipule que :
Les Etats s’engagent, en reconnaissant le droit à la santé des enfants, à leur « assurer la fourniture d’une alimentation adéquate
et d’eau potable. Selon leurs moyens, les Etats se sont engagés à prendre, toutes les mesures appropriées pour assister les parents
ou les autres personnes responsables d’enfants et à prévoir, en cas de besoin, des programmes d’assistance matérielle et de soutien,
notamment en ce qui concerne la nutrition.
En notre qualité d’organisation travaillant spécifiquement sur les droits de l’enfant, ENFANTS DU GLOBE, aux côtés des autres intervenants, s’investit pour promouvoir la santé des enfants en général, et celle de leurs mamans en particulier. Ce qui nous amène à développer les actions ci-dessous :
♦ Promotion de l’accès et l’utilisation des services à base communautaire harmonisés pour la prévention et le traitement du paludisme et de certaines maladies tropicales négligées (tuberculose, filariose lymphatique, onchocercose, schistosomiase, géohelminthiases, trachome, la lèpre ;
♦ Initiation et accompagnement des dynamiques de mobilisation sociale pour la prévention, le dépistage et la prise en charges des infections au VIH/SIDA en milieux scolaires et informe ;
♦ Vulgarisation des droits à la santé sexuelle et reproductive pour les adolescentes et adolescents ;
♦ Promotion de la vaccination des enfants de 0 à 59 mois contre la poliomyélite, la fièvre jaune,
la méningite et autres pathologies affectant les enfants ;
♦ Renforcement des capacités des acteurs de santé et des conditions de prise en charge des patients au sein des structures sanitaires en milieux urbains et ruraux ;
♦ Développement des initiatives visant à permettre aux enfants vulnérables, la possibilité de grandir et de se développer dans un cadre favorable, incluant des soins de santé appropriés, une alimentation équilibrée et une vie dans un environnement sain.
Le défi reste énorme mais nous nous y engageons.