Les institutions éducatives sont reconnues comme des lieux d’apprentissage, de développement et d’autonomisation. Or, loin d’être des lieux sûrs d’apprentissage, certaines écoles guinéennes sont souvent des espaces de discrimination et de violence, notamment, à l’égard des filles.
L’administration scolaire qui est censée œuvrer pour mettre fin à cette violence et garantir le bien-être social et psychologique des enfants vivant sous son autorité, est parfois envahie par la pléthore des effectifs et les nombreux sujets à traiter.
Conséquence : les enfants subissent des violences physiques, morales, sexuelles ou psychologiques, sans qu’ils ne trouvent à temps une personne vouée à leur cause, à laquelle ils peuvent se confier dès l’apparition des premiers signes du conflit.
De plus, dans maintes situations, c’est quand l’acte de violence ou le conflit atteint le stade de la confrontation que les enfants osent porter plainte auprès de l’administration scolaire en vue de trouver des solutions. Le mal peut parfois sembler avoir été consommé, dans la mesure où l’acte de violence est entièrement commis avant l’intervention desdites autorités.
Dans ces circonstances, la plupart des solutions que proposent les autorités scolaires peuvent ne pas être adaptées à la mission de l’école, c’est-à-dire « permettre aux enfants d’utiliser leurs talents et leurs aptitudes tout en les apprenant à vivre en paix, à protéger l’environnement et à respecter les autres personnes », selon l’article 29 de la CDE.
A la connaissance du Principal du collège de Sokoro, Monsieur Georges LOUA, c’est la première fois que l’activité de mise en place de Médiateurs Scolaires est réalisée, dans son école en particulier et plus largement dans les écoles de la préfecture de Guéckédou. Pour lui, elle revêt un caractère important pour plusieurs raisons, dont entre autres :
? La promotion de la participation des élèves dans la gestion de l’école ;
? La mise en place d’un organe de proximité permettant une écoute et une prise en charge psychosociale des enfants affectés par la violence ;
? La prévention et la gestion des conflits entre élèves ou entre élèves et enseignants ;
? L’initiation des enfants à la gestion pacifique des conflits, à la démocratie en général et à la démocratie scolaire en particulier.
De son coté, le porte-parole des élèves du collège de Sokoro, Fara Paul LENO, a souligné que c’est la première fois que lui et les autres élèves de son école sont massivement consultés autour d’un sujet aussi important que la violence en milieu scolaire. De plus, il affirme au nom de ses camarades, avoir après la réalistaion de cette activité, un sentiment plus affirmé d’appartenance à cette école, car le fait de voter pour ces Médiateurs Scolaires ne leur a été imposé par personne. Il précise également que dorénavant, lui et ses camarades se soumettront à toute décision prise par ces personnes en leur nom, en vue d’améliorer le climat de paix et de collaboration entre les acteurs de leur école.
Le représentant de la DPE (direction préfectorale de l’éducation), facilitateur du processus, Monsieur Mathieu MARA a quant à lui appelé les élèves à ne pas seulement prioriser leurs droits mais aussi, à penser à leurs devoirs vis-à-vis du personnel enseignant.
Prenant la parole à son tour, le Directeur Exécutif d’ENFANTS DU GLOBE, M. Niouma Serge LENO, a souligné que cette élection des Médiateurs Scolaires n’était qu’une étape du processus de participation des élèves dans la gestion de la vie de l’école promue par son ONG. Dans les semaines à venir, a-t-il poursuivi, non seulement, sept autres écoles primaires et secondaires de la préfecture de Guéckédou connaîtront cette élection, mais de plus, les élèves ainsi que le corps enseignant seront amenés à élaborer des règles de conduite dans les classes. Ceci permettra aux enseignants de devenir les facilitateurs d’un processus de gestion autonome des écoles et des classes par les élèves, les rendant ainsi plus responsables dans leurs faits et gestes.
Au terme de ce processus, l’enseignant ne prendra plus de décision contre un élève mais ce sont les élèves qui établiront leurs propres règles, auxquelles ils devront tous se soumettre afin de mettre fin à la violence dans les écoles.
Sur un total d’inscrits de 957 élèves, composés essentiellement d’élèves des classes de dixième et de neuvième année, 927 ont effectivement voté.
Le suffrage exprimé par chaque candidat a été le suivant :
– Elie Barrè MILLIOMOUNO, professeur de Français et d’ECM, classe de 10ème année : 541 voies, soit : 58,36% des suffrages exprimés;
– Mabélé BEAVOGUI, professeur de Français et d’ECM, classe de 9ème année : 269 voies, soit 29,1% des suffrages exprimés;
– Jean LENO, professeur de Chimie, classes de 9ème et 10ème années : 74 voies, soit 7,98% des suffrages exprimés
– Kouma Thérèse Kamano, professeur de Français et d’ECM, classes de 7ème et 8ème années : 21 voies, soit 2,26% des suffrages exprimés.
Pour promouvoir l’inclusion et la participation au sein de l’équipe, M. Barrè MILLIOMOUNO, M. Mabélé BEAVOGUI et M. Kouma Thérèse KAMANO ont donc été élus Médiateurs Sociaux de l’école. Dans une déclaration commune, ils ont invité les élèves à ne plus accepter de souffrir intérieurement, quel que soit le problème auquel ils seront confrontés au sein de l’établissement, tout en exprimant leur entière disponibilité à les écouter en toute circonstance et à trouver des solutions pacifiques et durables à leurs problèmes.
Sekou Dra Korouma,
Animateur du projet, zone
Nongoa
2021-07-24 admin 330 Ecole, Formation